Parmi mes créatrices coups de coeur de ces derniers mois : Maïssa, DJette parisienne mais aussi créatrice des jolis vêtements Mamamushi ! De chouettes basiques revisités et conçus aux 4 coins du monde, au fil des rencontres donnant vie à un vestiaire chic, ethnique et 100% funky.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours de créatrice ?
J’ai fait une école de stylisme /modélisme: le Studio Berçot puis je suis entrée en stage chez Azzaro. J’ y ai travaillé pendant trois ans aux côtés de Vanessa Seward qui était, à l’époque, la directrice artistique de la maison et qui a aujourd’hui ouvert sa propre maison de couture.
C’était une expérience très belle et enrichissante. J’ai ensuite travaillé un peu à New York puis j’ai fait un voyage en Inde. Et là coup de cœur pour Jaïpur où j’ai découvert l’eldorado de l’artisanat, des tissus, des couleurs, des bijoux…. Et plus particulièrement la technique d’impression des tissus au tampon de bois qui est la spécialité de la région : le block print.
C’est là où tout a commencé pour Mamamushi il y a 5 ans. Je suis retournée à Jaïpur à plusieurs reprises et j’ai commencé à créer des petites séries de vêtements avec mes propres imprimés et à ramener mes jolies trouvailles que je présentais à Paris dans des boutiques éphémères.
Quel est l’ADN de Mamamushi en quelques mots ?
C’est une marque qui allie voyage et esprit parisien, artisanat traditionnel et modernité. Mamamushi, ce sont des pièces classiques nouvelles ou revisitées tout en restant dans le confort et la simplicité. La plupart des pièces de la collection sont le produit d’une rencontre avec un artisan/un atelier artisanal avec qui je développe par la suite des séries en continu. Chaque pièce raconte une histoire.
Quelles sont tes principales inspirations ?
Je suis très nostalgique, je m’inspire beaucoup du passé. Le plus souvent à travers des films. Je travaille pour cet eté sur une collection inspirée des films Le mépris de Godard et La Collectionneuse de Rohmer. Elle s’appellera Technicolor avec des couleurs très…. Technicolooor !!!
Il y a aussi des femmes qui ont un univers, un style ou une personnalité qui m’inspirent énormément comme les chanteuses Juliette Greco, à l’epoque de Saint Germain dans les années 50 ou Riff Cohen.
Qu’est-ce que le style selon toi ?
Avoir un style, qu’il soit de bon ou de mauvais goût, c’est s’exprimer à travers sa façon de s’habiller. On peut réinterpréter la mode à travers son style ou être sensible aux tendances du moment en les réinterprétant avec son propre style. Comme disait Coco Chanel “La mode passe, le style reste”.
Quelle est la pièce phare de ta nouvelle collection ?
Le pantalon smoking taille haute qui arrive aux chevilles. Il est très chic et fait une belle silhouette. Il peut être porté avec des Derbys ou des escarpins. Je l’ai décliné en noir, rouge et marine.
Les créations Mamamushi, on les porte comment et dans quel état d’esprit ?
Les basiques Mamamushi sont des pièces simples pour tous les jours que ce soit l’écharpe en laine d’agneau unie que je reconduis avec des nouvelles couleurs à chaque saison ou le tote bag en cuir. J’ai fait cette série de tote bag en cuir car je n’aime pas les sacs trop féminins et je trouve que ce n’est pas évident de trouver un sac simple et chic à prix abordable !
Il y a aussi les imprimés réalisés au tampon de bois que l’on retrouve sur les chemises, sweats, robes, pantalons et tee shirts comme les motifs à carreaux qui ont un côté ludique de par leur irrégularité. De loin on croit voir un imprimé à carreaux classique qui est en réalité répété à la main et donne un côté un peu naïf au motif. Une chemise faussement classique qui fonctionne aussi bien au travail qu’en week-end.
Ou sont-elles fabriquées ?
Tout dépend des pièces. J’ai la chance de pouvoir voyager et travailler avec des artisans aux quatre coins du monde !
Mes tissus de la collection “block print” sont imprimés dans un atelier de Jaïpur, c’est la spécialité de la région. Les bijoux sont réalisés par des artisans d’Istanbul. Les écharpes en laine d’agneau sont réalisées par un atelier spécialisé dans le Ludhiana au nord de l’Inde. Les sacs sont confectionnés dans un atelier de maroquinerie de Tunis. La collection de prêt à porter est également confectionnée à Tunis, par une société de confection qui travaille avec de grandes enseignes françaises. Je lui envoie de Paris mes tissus, fournitures et patronages et c’est elle qui se charge de leur confection. J’ai aussi eu la chance de travailler avec des coopératives au Rwanda et au Portugal. Tout dépend des opportunités et des rencontres !
A tes débuts, tes créations étaient “Made In Paris”, pourquoi avoir changé de mode de fonctionnement ?
C’était très couteux et malheureusement pas rentable pour mes clients. Par exemple, mes chemises block print sont vendues environ 80€ tandis qu’en les produisant en France, elles seraient vendues en boutique au moins 130€. Pour moi, ça n’a pas de sens.
Certains clients blâment le non Made In France mais c’est oublier qu’il existe du Made In India éthique. Quand je travaille avec l’Inde, je travaille en direct avec les artisans et on ressort tous gagnants, une belle expérience humaine et culturelle en plus.
J’ai rencontré cet été un vannier en Tunisie dans la région de Djerba. Nous allons travailler ensemble pour une série limitée de panier l’été prochain. Il me racontait que la vannerie artisanale était en train de mourir dans le pays. Les jeunes ne sont plus intéressés par ce métier car pour eux l’artisanat est l’inverse de la modernité. Aujourd’hui il y a de plus en plus d’associations qui soutiennent et tentent d’empêcher sa disparition. L’artisanat est un luxe et je suis heureuse de pouvoir aider à ma façon à ce qu’il ne meurt pas.
Et parce que Maïssa est aussi une DJ ultra talentueuse, retrouvez ici sa super playlist de Noël !